La pédagogie Reggio, une alternative intéressante à l’éducation traditionnelle…

Parce qu’il n’y a pas que Montessori dans la vie, j’ai décidé de vous parler un peu de la pédagogie Reggio.

Un peu moins connue que la pédagogie de Maria Montessori, elle est née, elle aussi en Italie. Après la Seconde Guerre Mondiale, les parents de Reggio Emilia (au Nord de l’Italie) décidèrent d’ouvrir une école pour leurs enfants de trois à sept ans. Ils avaient envie d’un enseignement qui favoriserait l’esprit critique et la capacité à penser par soi-même. La guerre avait fait comprendre combien il peut être dangereux d’éduquer les enfants seulement à l’obéissance.

Ils commencèrent eux-mêmes la construction de l’école. Un enseignant d’un village voisin, Loris Malaguzzi, interpellé par ce projet décida de soutenir ces parents. Il s’inspirera de nombreux pédagogues, comme Steiner, Piaget et Montessori, mais ne trouva chez aucun la pédagogie qui s’adaptait réellement au développement du jeune enfant comme il l’imaginait. C’est ainsi qu’il développa sa propre philosophie et pédagogie où l’enfant occupe une place centrale. En Italie et dans d’autres pays Européens, cette pédagogie est mise en place dans de nombreuses écoles (malheureusement elle n’a pas passé les frontières françaises…), mais de plus en plus de parents aussi s’en inspirent au quotidien.

On pourrait la résumer en trois points essentiels :

  • Les enfants ont une motivation et une capacité d’apprendre incroyable qu’il ne faut pas freiner.
  • Ce ne sont pas les adultes qui inculquent le savoir, mais les enfants qui apprennent par l’expérience et grâce au matériel fourni et à l’accompagnement de l’adulte.
  • Les enfants et adultes coopèrent, ce n’est pas l’adulte qui contrôle et impose les choses.

Bien sûr elle ne peut pas se limiter à cela, c’est une pédagogie très complète, où les « cent langages » sont essentiels. Chaque enfant a cent langages à sa disposition et c’est à nous, adultes, de faire découvrir aux enfants tous ces langages en bougeant, chantant, peignant, bricolant, construisant etc, toujours avec eux. Ainsi l’enfant peut montrer et exprimer le meilleur de lui-même. Cette exploration des cent langages (qui ne sont pas définis, il n’y a pas de liste exhaustive) est indissociable de la pédagogie Reggio, où il est considéré que chaque enfant est compétent.

Cela ne veut pas dire qu’il peut tout faire, mais qu’il a en lui tous les outils nécessaires pour mieux se connaître lui-même et mieux appréhender le monde. Dans cette optique, il faut encourager la curiosité de l’enfant et l’inciter à apprendre, non pas l’éduquer et lui inculquer des savoirs (savoirs-êtres, pensées etc). Notre rôle d’adulte est alors d’explorer le monde avec l’enfant, d’être son accompagnant et lui permettre de révéler toutes ses capacités. Tout part de l’enfant (et non de l’adulte comme le veut le schéma « éducatif » actuel), il faut donc l’observer, le prendre en photo, prendre des notes, l’écouter… pour mieux comprendre comment il se développe, quels sont ses centres d’intérêts.

Dans la pédagogie Reggio, l’environnement est aussi très important. Il est considéré comme le « premier pédagogue ». Les enfants apprennent le plus de leur environnement. Ce dernier nécessite d’être réfléchi. L’espace doit être attirant pour l’enfant et lui donner envie de découvrir en jouant. Il doit aussi appartenir à l’enfant, donc lui être adapté (meubles à hauteur d’enfant, tout ce qui se trouve à sa hauteur a droit d’être manipulé) et il doit pouvoir se l’approprier (par exemple avec un coin pour exposer ses oeuvres).

Enfin, contrairement à la pédagogie Montessori, en pédagogie Reggio, il n’y a pas de matériel spécifique. Le matériel a pour but de capter l’attention de l’enfant, de l’attirer, de l’inciter à l’action, à l’observation, à la manipulation. En partant de là les possibilités sont infinies ! Et on peut facilement envisager de « laisser trainer » des matériaux divers (jeux, éléments de la nature, figurines, cailloux colorés…) sur une table, une étagère… pour suggérer, inciter l’enfant à s’y intéresser. Bien sûr les jeux simples sont à privilégier, comme les jeux d’encastrement, de construction, les puzzles, les petites voitures, les figurines, les perles… Les jeux électroniques n’ont pas de réelle utilité éducative, ils divertissent mais n’apprennent pas grand chose à l’enfant. Ils ne sont pas à bannir bien sûr, mais l’enfant s’en lassera vite, car ce genre de jeu ne lui laisse pas beaucoup de place. Ils ne lui permettent pas d’explorer et de découvrir par eux-même… alors qu’avec des cubes en bois, les possibilités sont quasi infinies !

Pour conclure, je dirais que c’est une pédagogie difficile à résumer… j’espère avoir réussi à vous en donner un aperçu ! Elle mérite vraiment d’être connue et reconnue, car elle est très complète et s’appuie sur le développement de l’enfant dans son individualité. Elle est aussi assez « révolutionnaire », comme toutes les pédagogies alternatives, car elle considère l’enfant compétent de manière inné, et pas comme un être que l’adulte doit construire, modeler. Non, ici l’adulte occupe une place secondaire, il n’est là que pour accompagner l’enfant dans ses découvertes et son développement.


Maud Pineau est assistante maternelle et auteure du blog Les tribulations d’une Maman Mammouth, pro maternage et éducation bienveillante. Découvrez là ici.

Auteur : Maud Pineau

Maud Pineau est assistante maternelle et auteure du blog Les tribulations d'une Maman Mammouth, pro maternage et éducation bienveillante.

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