Nathalie Desanti est mère de deux enfants, journaliste et coach certifié en coaching parental. Elle est l’auteure de l’ouvrage « Et un jour j’ai décidé de faire la tortue, ou comment le slow parenting a changé ma vie « .
Elle nous en dit plus sur cette nouvelle approche de la parentalité et sur son parcours pour devenir une « slow mum ».
D’où vient le slow parenting et comment y-es-tu venue ?
Le slow parenting est un concept né aux USA. Il propose de ralentir le rythme effréné de nos vies de parents, afin de passer du temps de qualité avec nos enfants. Il m’a interpellée car il a mis des mots sur ce que je vivais au quotidien : une course sans fin ! J’ai tout à coup pris conscience que j’imposais un tempo de fou à ma famille.
Plusieurs questions se sont alors imposées à moi : comment leur proposer un rythme de vie plus respectueux de leurs besoins ? Comment vivre des choses ensemble et séparément au bon rythme ?
Je ne voulais plus trainer mes enfants à bout de bras pour aller à l’école en courant. C’était ça le vrai déclencheur.
Dans le livre, tu réinventes la pyramide de Maslow en mode slow parenting, peux-tu nous l’expliquer ?
La pyramide de Maslow classique reste la vraie référence, évidemment. Elle représente la hiérarchie des besoins de l’être humain (besoin physiologique, besoin de sécurité, d’appartenance, d’estime de soi…).
Mais j’ai voulu la revisiter à travers le prisme du tempo. Il s’agit d’une progression naturelle et vitale.
- besoin de respirer et de prendre notre temps, car cela ne nous en fait pas perdre. nous faisons mieux les choses en conscience
- besoin d’être écouté mais souvent le tempo est trop rapide pour que nous soyons dans la bonne interaction avec l’autre.
- besoin de partage en famille : cuisiner ensemble, lire une histoire, se raconter la journée… Tous ces petits moments renforcent le lien.
- besoin de bienveillance : c’est la base ! Nous avons tous besoin de personnes qui nous veulent du bien…
- besoin d’accomplissement en confiance : on s’accomplit car on a coché toutes les cases précédentes !
Y-a-t-il un lien entre le slow parenting et l’éducation bienveillante ?
Oui, bien sûr ! L’éducation bienveillante, la parentalité positive et le slow parenting ont tous en commun de remettre l’enfant au cœur du processus éducatif. C’est juste l’angle qui change, mais la vision est globalement la même.
Personnellement, c’est plus un message vibratoire que je souhaite envoyer à travers ce livre : comment faire de son mieux en tant qu’individu ?
Penses-tu que le slow parenting soit adapté à nos modes de vie occidentaux ? As-tu des astuces pour le mettre en place « facilement » ?
On court tout le temps et la société tout entière nous y incite, mais il y a des façons de ralentir et surtout de transformer les moments de stress en expérience positive.
Prenons un exemple : vous avez RDV dans 10 minutes chez le dentiste mais vous êtes très en retard. Au lieu de bousculer votre enfant en lui disant « Dépêche-toi, mais dépêche-toi, je te dis ! » et de le culpabiliser (alors qu’il n’est peut-être en rien responsable de ce retard), proposez-lui de faire la course pour savoir qui va arriver le plus tôt chez le dentiste, tout en lui expliquant que vous êtes un peu juste niveau timing !
Le vocabulaire a aussi son importance dans la mise en place du slow parenting. Appeler ses enfants par leur prénom pour les inciter à venir diner plutôt que de lancer un impersonnel et autoritaire « A taaaaaable !!! » fonctionne assez bien, par exemple.
Ce changement d’attitude peut sembler compliqué mais c’est une gymnastique, qui se transforme en quelque chose d’assez naturel à force de pratique. Ce sont les débuts qui sont difficiles. Quand on sent le stress monter, on respire un bon coup et on lâche prise… Et on avance à petits pas, sans se mettre des objectifs inatteignables.
Pour moi, le slow parenting n’est pas incompatible avec notre société actuelle, puisqu’il correspond à un vrai besoin.
Une fois qu’on a adopté un mode de vie « slow », il est facile de rechuter… Comment fait-on pour rester motivé et ne pas se faire de nouveau happer par le stress ?
Nous ne sommes pas linéaires. Certains jours, nous serons plus disposés au slow et à la bienveillance, d’autres moins !
Il faut s’autoriser à déraper, à être dans l’imperfection… D’ailleurs, c’est essentiel pour un enfant de savoir que ses parents ne sont pas des êtres parfaits, c’est même très rassurant.
L’important c’est de sentir quand on va trop loin. Écouter son corps et ses émotions permet de voir si on est à nouveau dans la centrifugeuse… Et là, il est essentiel de rectifier le tir pour éviter le burnout en direct.
Ton livre raconte ton cheminement vers le slow parenting sur plusieurs années. Aujourd’hui, es-tu une « slow mum » ?
Oui, je pense que j’y suis arrivée… J’ai réussi à changer des choses en profondeur.
Je prends plus le temps, j’accepte de m’interrompre dans mon travail, de faire des pauses. Mes enfants sont grands, mais je m’attache toujours à partager des moments avec eux. Ce changement d’attitude ne se limite pas à mes enfants. C’est vraiment une autre façon de voir la vie et d’être avec les autres. Je suis plus empathique et moins autocentrée notamment avec mes parents, je saisie d’avantage les opportunités et je vis dans le moment présent, beaucoup plus qu’auparavant !
L’avis de la rédaction
« Et un jour, j’ai décidé de faire la tortue… » parlera à de nombreux parents ! J’ai particulièrement apprécié le format guide-roman, qui se distingue des ouvrages classiques de développement personnel ou de parenting.
Nathalie ne nous donne pas de leçon, elle partage une expérience, un cheminement vers une vie avec plus de sens.
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Et vous, connaissiez-vous le slow parenting ?