Éducation positive : comment éviter les dérives ?

L’éducation positive a le vent en poupe depuis quelques années… et ses adeptes sont de plus en plus nombreux !

On ne compte plus les ouvrages, les conférences et les ateliers dédiés à ce sujet ! Si cette pratique est séduisante sur le papier elle est parfois compliquée à mettre en place.  Malgré leur désir de bien faire, de nombreux parents peinent à appliquer les grands principes de la bienveillance : certains tombent dans le laxisme le plus total, d’autres s’oublient au point de ne plus vivre pour eux…  Bref, les écueils sont nombreux !

Alors, comment tirer simplement et efficacement bénéfice de cette approche éducative ?  Nous avons posé la question à Véronique Maciéjak, auteure de « 1,2, 3 je me mets à l’éducation positive ».

Quels sont les grands principes de l’éducation bienveillante ?  En quoi se distingue-t-elle de l’éducation classique ?

Pour moi les trois grands principes de l’éducation positive sont :

  • La non-violence (physique ou psychologique)
  • La vision d’un modèle gagnant-gagnant (nous sommes AVEC nos enfants et non pas CONTRE eux. Enfant et adulte font partie de la même équipe et pour chaque situation problématique nous pouvons trouver des solutions qui conviennent à tous).
  • L’écoute des besoins de l’enfant (en comprenant ce qui est nécessaire au bien-être de l’enfant d’un point de vue physique et/ou psychologique, nous pouvons l’aider à être mieux et donc à faire mieux).

L’éducation positive se distingue de l’éducation classique par son fonctionnement général car elle supprime le principe de récompenses / punitions.

Avec l’éducation positive l’adulte essaie de comprendre ce qui se passe pour l’enfant afin de trouver des solutions pérennes pour le bien-être de tous. L’éducateur ne cherche pas à faire payer l’enfant pour ses erreurs mais plutôt à l’aider à faire mieux pour le futur.

La frontière entre éducation bienveillante et laxisme est parfois ténue et certains parents s’y perdent.  Comment ne pas mal interpréter ses principes et tomber dans l’écueil de l’enfant roi ?

Pour moi un enfant roi est un enfant omnipotent à qui ont dit oui tout le temps par crainte de ses réactions.

Or, cela n’a rien à voir avec l’éducation positive. En éducation positive, l’idée est que chacun trouve sa place et ait ses besoins satisfaits : enfant comme adulte.

J’explique souvent aux adultes que je forme qu’il est important de comprendre les besoins des enfants et d’y répondre dès qu’on le peut.  C’est le meilleur moyen pour que l’enfant se sente bien et ait des comportements que l’on trouve appropriés. Mais un besoin n’est pas une envie et c’est là que beaucoup de parents peuvent se perdre.

Un autre écueil vient probablement de la gestion des émotions. En éducation positive, l’adulte écoute et autorise les émotions qu’elles soient dites positives ou négatives. Mais si toutes les émotions sont acceptables toutes les réactions, elles, en revanche, ne le sont pas.

L’éducation bienveillante semble demander beaucoup d’énergie et de disponibilité…  Comment se préserver en tant que parent ? 

C’est un leurre de croire que l’éducation positive fait perdre du temps. On peut en perdre au départ mais c’est pour en gagner pour la suite et avec une qualité de vie de famille bien meilleure.

C’est un peu comme l’apprentissage d’une nouvelle langue, au départ cela nous semble compliqué puis après quelques essais, on trouve cela beaucoup plus facile.

Il est essentiel de se rappeler que l’éducation positive c’est avant tout beaucoup de BON SENS.

S’occuper d’enfants, éducation positive ou pas, demande une énergie incommensurable. J’imagine souvent que nous, parents, sommes les fondations d’une maison alors les enfants sont à l’étage. Si nous n’allons pas bien, toute la maison s’écroule. Alors avant de pouvoir correctement nous occuper des enfants, nous devons d’abord soin de nous. C’est  ce que je nomme « l’égoïsme bienveillant » il faut savoir l’expliquer aux enfants.

On a parfois l’impression que l’éducation bienveillante veut faire de nous des parents parfaits… Comment ne pas culpabiliser au moindre faux pas ?

Je ne pense pas que ce soit l’éducation positive en elle-même qui culpabilise les parents mais plutôt notre société actuelle. Lorsqu’on lit les magazines, on a l’impression qu’il faut être parfait sur tous les points : parfait dans son couple, au travail, avec ses enfants, parfait en mangeant bio, en faisant du sport… Mais c’est épuisant et surtout impossible !

Comme je le dis dans mon dernier livre : « Nous sommes tous imparfaits et …c’est parfait comme ça ! ». Certains adultes que je forme pensent que je ne m’énerve jamais, que je ne crie pas et que j’utilise toujours les bons mots mais… mais pas du tout. Je suis humaine et quand je n’ai pas satisfait à mes besoins (notamment de sommeil…) je suis imparfaite.

En revanche, je sais reconnaître mes erreurs et je n’hésite pas à m’excuser auprès de mes enfants quand je sens que mon attitude n’a pas été des plus adéquates. En général, ils reconnaissent également très vite leur part de responsabilité et c’est un beau moment d’échange. Les erreurs font partie de la vie et nous font grandir, il faut s’en servir et cesser d’en avoir peur.

Quelles sont les bénéfices de l’éducation bienveillante ? A-t-on assez de recul aujourd’hui pour voir si elle porte ses fruits ?

L’éducation positive, même si on en parle beaucoup plus depuis ces dernières années, a en réalité toujours existé. Sans qu’on la nomme ainsi elle était déjà pratiquée par de nombreux parents ou professionnels (comme le médecin et pédagogue Maria Montessori (1870-1952) ou le médecin et psychothérapeute Alfred Adler (1870-1937)).

L’exemple le plus parlant pour moi et que je cite dans mon dernier ouvrage concernent les « Justes ». Une étude a été réalisée sur les 403 personnes qui, pendant la seconde guerre mondiale, ont aidé à sauver des enfants ou des familles juives parfois au péril de leur propre vie. Il est ressorti que ces personnes avaient toutes en commun une éducation respectueuse, sans violence et non répressive.

L’éducation que l’on qualifie de « positive » aide les enfants à devenir des adultes plus empathiques et plus respectueux de soi et des autres.

Pouvez-vous nous citer quelques outils tirés de l’éducation positive qui fonctionnement bien au quotidien ?

  • Le parler positif. Nous passons notre temps à dire aux enfants ce qu’il ne faut pas faire alors que leur cerveau comprend beaucoup mieux ce qui est énoncé positivement. Ainsi en transformant certaines de nos phrases par des propositions positives, les enfants saisissent beaucoup plus facilement nos propos :

-« Marche doucement » pour « Ne cours pas »

– « Chuchote » pour « Ne crie pas »

– « Caresse doucement » pour « Ne tape pas »

  • L’exemple. Les enfants apprennent bien plus de nous en nous observant qu’en nous écoutant. Montrons donc l’exemple et soyons l’adulte que nous voulons que notre enfant devienne.
  • La recherche de solutions. Certains problèmes peuvent être récurrents dans une famille (un enfant toujours en retard le matin, des conflits dans la fratrie…) et la recherche de solutions permet de trouver des solutions pérennes. L’idée est de parler de la situation problématique et de réfléchir, en famille, à des propositions pour aider le ou les personnes concernées à faire mieux.
  • Les temps privilégiés. Le but est de passer du temps régulièrement, seul à seul, avec chacun de ses enfants. Cela leur montre qu’ils sont uniques et qu’ils comptent beaucoup à nos yeux. Ils sont ainsi rechargés en énergie positive et plus aptes à se comporter mieux. Un enfant fait mieux quand il se sent mieux.

Mon avis sur « 1,2,3, je me mets à l’éducation bienveillante »

J’ai lu de nombreux ouvrages sur l’éducation bienveillante depuis la naissance de mon fils, mais je me suis vite retrouvée perdue entre les différents conseils et outils… Et, pour être parfaitement honnête, je les trouvais souvent inapplicables dans le tourbillon du quotidien.

Le livre de Véronique Maciéjak particulièrement clair et bien construit.  Il est découpé en trois parties distinctes qui permettent d’entrer progressivement dans l’éducation positive : 1. « Je comprends l’éducation positive », 2. « J’essaie l’éducation positive », 3. « J’approfondis l’éducation positive ». Véritable guide,  il propose des exercices pratiques et de nombreux témoignages. Tout au long de l’ouvrage, une petite voix s’interroge sur le bien-fondé de l’éducation positive et pose les questions qui fâchent. Nous sommes probablement nombreux à nous retrouver en elle et à craindre certaines dérives.

Je pense que c’est un bon livre pour débuter ou pour faire un  peu le tri dans un tas d’infos si son s’intéresse à cette pratique depuis longtemps, sans vraiment réussir à le mettre en place.

Et vous, avez-vous testé l’éducation bienveillante ? Donnez-nous vos astuces !

Auteur : Anne-Lise Pernotte

Anne-Lise Pernotte est rédactrice en chef de cotebebe.fr et free-lance dans le digital. Passionnée par le web, l'écriture et l'univers de la petite enfance, elle souhaite apporter un accompagnement bienveillant et éclairé aux futurs et jeunes parents. Elle est aussi l'auteure du premier livre feelgood dédié à la parentalité tardive "avoir un enfant à 40 ans (ou presque)"

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